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Le cycle
de développement de la pomme de terre -
Physiologie du développement -
Conséquences pratiques
En partant du stade tubercule germé, le cycle végétatif
de la pomme de terre comprend 4 étapes (Figure
1) :
-
Un tubercule germé est planté en terre1 :
ses germes se transforment en tiges feuillées, dont les bourgeons
axillaires donnent, au-dessus du sol des rameaux, au-dessous des
stolons : c'est la phase
de croissance végétative.
-
Au bout d'un certain temps, variable selon la
variété et le milieu, les extrémités des stolons cessent de croître
et se renflent pour former en une ou deux semaines les ébauches des
tubercules : c'est la tubérisation,
qui se prolonge jusqu'à la mort de la plante, par la phase de grossissement
. Aucun indice ne permet de déceler, sur les organes aériens,
le moment de cette ébauche des tubercules.
-
A la mort de la plante, soit naturelle, soit
artificiellement provoquée, les tubercules sont incapables de
germer, même dans des conditions optimales de température et
d'humidité : c'est le repos
végétatif.
-
Enfin, après une évolution physiologique
interne, les tubercules deviennent capables d'émettre des bourgeons :
c'est la germination.
1 Dans
la pratique culturale, la multiplication de la plante est toujours végétative.
Chaque variété est constituée par un clône issu d'un individu
unique qui se reproduit, identique à lui-même d'année en année.
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a) Repos végétatif
On sait encore fort peu de choses sur les mécanismes
physiologiques conditionnant le repos végétatif du tubercule. La durée
du repos végétatif admet des différences variétales, et des
traitements peuvent soit lever ce repos, soit inhiber la germination (une
blessure ou meurtrissure lève le repos végétatif; une température de
2 ou 3°C maintient le tubercule en dormance).
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b) Croissance
et tubérisation des germes
Le phénomène d'incubation est le suivant :
après la fin du repos végétatif, le germe entre en croissance s'il
n'y a pas dormance induite par les conditions de milieu. La courbe de
croissance des germes (en poids ou en longueur) est une sigmoïde
classique (Figure 2) : la vitesse est d'abord faible (Phase I), augmente jusqu'à un
maximum (Phase II), puis décroît et devient nulle (Phase III). Le
germe croît et se développe. On appelle stade
d'incubation, le stade de tubérisation des germes et phase
d'incubation la période s'écoulant entre le départ de la
germination et la formation des ébauches de tubercules par le germe.
Cette incubation du tubercule s'effectue même
en-dehors de toute germination (cas des tubercules conservés durant
plus d'un an en magasin frigorifique) ; elle est irréversible : il
est impossible de diminuer un niveau d'incubation acquis.
Les principaux facteurs d'évolution des germes
sont les suivants :
-
Les
conditions de conservation : le stade d'incubation est atteint
d'autant plus tôt que la température de conservation est élevée,
l'obscurité totale et l'hygrométrie forte ;
-
La
variété, qui influe sur la durée de l'incubation ;
-
Le
tubercule-mère : les mécanismes de l'évolution des germes
ont lieu au sein du tubercule et non dans les yeux ou le germe lui-même.
La capacité germinative d'un tubercule, mesurée par la quantité de
germes qu'il peut produire à partir d'un moment donné, variera en même
temps que son degré d'évolution vers son stade d'incubation. Plus
le tubercule est évolué, plus sa capacité germinative est faible. Le degré d'incubation
du tubercule-mère à la plantation aura donc des conséquences sur la
vigueur de la plante et sur son rendement.
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c) Croissance
et tubérisation des plantes, relations « feuilles/tubercules »
La croissance
foliaire dépend non seulement des facteurs climatiques (température,
lumière), nutritionnels et variétaux, mais aussi des caractéristiques
du tubercule-mère : âge et poids. L'indice d'assimilation
photosynthétique est plus important pour des plantes issues de
tubercules gros et (ou) âgés que pour celles issues de tubercules
petits et (ou) sortant juste de dormance.
L'induction
de la tubérisation est sous la dépendance du tubercule-mère et de
la plante feuillée à laquelle il a donné naissance, cette dernière
subissant l'influence du milieu (température et photopériode) dans
lequel elle croît et se développe. En règle générale, les températures
inférieures à 18°C favorisent la tubérisation, alors que les températures
élevées (surtout nocturnes) sont favorables à la croissance. Les
jours courts (temps d'éclairement limité) sont bénéfiques à la
tubérisation ;
les jours longs la retardent, voire l'arrêtent complètement. Chaque
variété possède une réaction à la photopériode qui lui est propre.
On distingue des variétés à "longueur
critique de jour" basse et des variétés à "longueur critique de jour" élevée[1].
Les premières (longueur
critique de jour < 16 h) sont des variétés tardives qui demandent
à être plantées tôt ; les secondes (longueur critique de jour > 16
h) sont des variétés hâtives, ou demi-hâtives, qui peuvent, sans
inconvénient, être plantées dans nos régions plus tard, sans voir
leur tubérisation ralentie. En plantation trop précoce elles risquent
de tubériser très rapidement et de manifester une vigueur végétative
assez faible. Température et photopériode interférant constamment, on
ne peut définir une photopériode critique qu'en fonction de la température
sous laquelle elle a agi.
Après la levée, dès qu'il est fonctionnel, le
feuillage élabore des substances de tubérisation identiques à celles
synthétisées en cours de conservation par le tubercule-mère et, tant
que ce dernier n'est pas épuisé, la plante subit à la fois ces deux
influences.
La plante entière (tubercule-mère et feuillage)
peut être assimilée à une éprouvette graduée ; la (ou les) substance
de tubérisation diffusée par le tubercule-mère et le feuillage à un
liquide que l'on y verserait (Figure
3).
[1] On appelle
"longueur critique de jour", pour une variété donnée,
la valeur de la longueur de jour à partir de laquelle la tubérisation
est arrêtée. Elle varie de 13 à 16 heures, mais la température
ambiante peut légèrement modifier ce seuil.
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L'état physiologique du tubercule-mère influe non
seulement sur la germination, la rapidité et la capacité de croissance
des germes, mais aussi directement sur le développement et la
productivité des plantes qui en sont issues.
Plus le germe a atteint un degré d'évolution
avancé sur le tubercule, moins il conserve de potentialité de
croissance foliaire après la plantation, ce qui se traduit par une
grande chétivité et un aspect plus âgé de la plante (dans les cas
extrêmes, ce vieillissement conduit au boulage). Sa capacité de
production (rendement potentiel) est nettement diminuée mais, en
revanche, sa précocité de tubérisation est plus grande. Aussi, plus
une variété est normalement à tubérisation tardive, plus le gain de
précocité par l'incubation préalable est grand
Il faut donc :
- Planter
des tubercules ayant atteint un degré optimal d'incubation, c'est-à-dire
ayant atteint un stade de croissance active (début de la phase II de
croissance des germes). La plus grande vigueur végétative de la plante
correspond à ce stade de germination (2 à 3 cm).
- Conserver les tubercules dans des conditions
(température, lumière, hygrométrie) appropriées
à l'obtention de ce stade optimal d'incubation au moment de la
plantation. Ce problème est important pour les variétés à incubation
rapide.
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