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Les surfaces en herbe représentent
de loin la part la plus importante des surfaces agricoles de la France.
Lensemble correspondait en 2000 à 44%
de la SAU nationale (soit plus de 13 millions dhectares).
On distingue dans ces couverts
prairiaux :
-
les surfaces
toujours en herbe (STH), constituées principalement de prairies
permanentes, cest-à-dire de prairies « naturelles »
non semées ou de prairies semées depuis plus de 10 ans. Dans les
statistiques agricoles les prairies semées de 6 à 10 ans dâge
sont souvent incluses dans cette catégorie, ainsi que les landes,
parcours, alpages et estives ;
-
les prairies
artificielles, qui sont des
prairies de 0 à 5 ans ensemencées exclusivement en légumineuses
fourragères (luzerne, sainfoin, trèfles, lotier...) en culture
pure ou en mélange ;
-
les prairies
temporaires, qui sont des prairies de 0 à 5 ans dâge
ensemencées en graminées fourragères (ray-grass, fétuque,
dactyle...) en culture pure, en mélange de graminées, ou en mélange
avec des espèces légumineuses.
Parmi les surfaces en herbe, 19 %
étaient considérées comme « à faible productivité » au
sens du SCEES[1]
(2 453 000 ha de STH peu productives dont les landes, parcours et
alpages), le restant se partageant entre 3 % de prairies
artificielles, 20 % de prairies
temporaires, et surtout 58 % de prairies
permanentes productives.
Ces chiffres sont également à
comparer aux superficies en fourrages annuels autres que prairiaux :
environ 1.400.000 hectares pour le maïs-fourrage (soit près de six
fois moins que les STH productives), et 300.000 ha pour lensemble des
autres fourrages annuels (colza, sorgho, betteraves, radis
fourragers...).
Cette place encore considérable
des prairies dans lutilisation du territoire ne doit pas masquer leur
déclin progressif, tant en valeur relative quen valeur
absolue(Figure
1, Figure
2),
depuis 25 ans, déclin survenant lui-même après deux décennies
dexpansion liée au développement de lélevage dans les régions
montagneuses et dans louest du pays . Laccroissement des surfaces en herbe de 1950 à 1970 était
surtout le fait de lextension des prairies semées ; la régression
depuis 1970 touche lensemble des types de prairies : division
par trois des surfaces en prairies artificielles, par 2,5 des STH, et
baisse de 10% des surfaces en prairies temporaires. Ce déclin a été
provoqué par un double mouvement de recul de lélevage dans
certaines régions, et dintensification dans dautres, en
particulier avec un recours très accru au maïs-fourrage.
Lévaluation de la productivité
des prairies est à lévidence beaucoup plus difficile que pour les
grandes cultures : lestimation du rendement lors des récoltes
est dans la très grande majorité des cas sommaire du fait de
labsence de commercialisation, et la pâture dune partie des
surfaces accroît encore la difficulté. La figure 3 donne toutefois
lévolution des rendements moyens nationaux potentiels (cest-à-dire
sur pied) pour quelques types de prairies, comparés à ceux du maïs-fourrage.
Les gains de rendement ont ainsi été spectaculaires pour la luzerne en
25 ans (mais la forte diminution des surfaces rend délicate toute
interprétation), et beaucoup plus modestes pour les STH. En 2002 en
France, la production moyenne en
matière sèche dun hectare de luzerne est proche de celle dun
hectare de maïs ensilage, celle dun hectare de ray-grass d'Italie
(RGI) plus faible de
20%, et celle dun hectare de prairie naturelle « productive »
moitié moindre. Une prairie de RGI ou de luzerne exploitée
intensivement peut produire 10 à 12 t de matière sèche par ha et par
an.
La réforme de la PAC de 1992 na touché
quindirectement les surfaces en herbe. En effet, ce sont les produits
et ateliers animaux qui sont principalement lobjet de mesures, et la
répercussion sur les surfaces fourragères dune baisse du prix de la
viande ou dune prime à la vache allaitante par exemple est tempérée
par dautres caractéristiques de lexploitation. Toutefois,
lexistence dun plafonnement de chargement (en UGB/ha) pour bénéficier
des primes, et celle de primes complémentaires (en particulier la
« prime à lherbe ») lorsque les chargements sont bas,
devraient encourager des élevages
plus extensifs et un recours supérieur à lherbe. Mais pour
maintenir la rentabilité dun troupeau en diminuant la part du maïs-fourrage
au profit de lherbe, il faut parfois conduire cette dernière de manière
plus intensive... Enfin, il faut noter que les mesures
agri-environnementales, nationales ou européennes, peuvent amener
une modification de la conduite des prairies comme de celle des grandes
cultures. On pense par exemple aux modifications des pratiques de pâturage
ovin dans les régions méridionales dans le but de contribuer aux opérations
de Défense des Forêts Contre les Incendies, ou aux contraintes liées
à lentretien des prairies dans les régions à intérêt
faunistique.
[1]
Service Central des Enquêtes et Études Statistiques du Ministère de
lAgriculture.
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