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BLÉ DUR

 

Protection phytosanitaire

Lutte contre les maladies - Lutte contre les ravageurs - Lutte contre les adventices


Lutte contre les maladies

Les principales maladies des céréales sont présentées au tableau 1. Le traitement de semences ou en cours de végétation (apparu en 1972, puis généralisé dès les années 1980), s'il n'est pas le seul moyen de lutte, reste néanmoins la méthode la plus employée. Il faut tenir compte de l'ensemble du fonctionnement du système "Climat-Sol-Plante" pour établir le programme de lutte. Les principaux éléments à prendre en compte sont :

  • le précédent cultural : certains favorisent plus que d'autres les maladies : céréales, légumineuses à graines... ;

  • le climat, surtout pendant la montaison et l'épiaison ;

  • l'humidité du sol, l'excès comme le manque d'eau pouvant sensibiliser le blé aux maladies ;

  • la date et la densité de semis : plus le semis est précoce et dense, plus la culture est exposée aux maladies ;

  • les autres techniques : les fortes doses d'azote par exemple prédisposent à certaines maladies ;

  • les variétés : certaines sont plus sensibles que d'autres à telle ou telle maladie.

Tout programme de traitement doit prendre en compte la nuisibilité des différentes maladies. L'ITCF préconise de tenir compte de l'ordre suivant dans les nuisibilités :

  • rouille brune, rouille jaune : peuvent entraîner des pertes de rendement de 50% ;

  • septorioses : jusqu'à 40% de pertes ;

  • oïdium : 5 à 15% de pertes ;

  • piétin verse : pertes évaluées de 5 à 10% du rendement.

Plus spécifique du blé dur, la moucheture est une tache brune des enveloppes, au niveau du germe ou du sillon, causée par des champignons (Fusarium, Alternaria...), qui se développent surtout sur les épis versés ou attaqués par certains insectes. Les grains mouchetés donnent aux semoules une teinte grise. 

De plus en plus, les recommandations relatives à la lutte contre les maladies des céréales à paille sont régionalisées, prenant en compte l’effet du climat sur les risques de maladies, en particulier les maladies aériennes du feuillage et de l’épi . Les « programmes de base » proposés par les organismes de développement contiennent de 1 à 3 traitements en végétation en fonction de la région. Par ailleurs, dans les parcelles où l’absence de lutte contre le piétin-verse semble possible, c’est-à-dire lorsque les risques liés au système de culture pratiqué (précédent, date de semis...) sont faibles, on peut alors envisager, sans prendre trop de risques, de réduire le nombre de traitements du programme ou les doses employées. Le raisonnement de la lutte contre les maladies des céréales intègre donc des facteurs régionaux, et des facteurs parcellaires. Par ailleurs, le programme fongicide n'est pas une assurance de protection totale, mais intègre une certaine part de risque. Chaque agriculteur choisit, avec le niveau de protection retenu, le niveau de risque auquel il s’expose.

Certains agriculteurs essaient de limiter les traitements (ou la dose apportée) dont le coût augmente régulièrement avec l'apparition de produits nouveaux, tout en maîtrisant les risques pour la culture. Un traitement curatif, lorsque les symptômes sont présents, peut s’avérer trop tardif : les dégâts peuvent être effectifs avant que la maladie ne soit stoppée. Les agriculteurs peuvent alors avoir recours, pour prévoir l’apparition des maladies en fonction des conditions climatiques, aux services de la Protection des Végétaux. Ceux-ci fournissent des renseignements téléphoniques sur la base, soit d’observations empiriques de progression de la maladie dans une région à partir de parcelles-témoin, soit de modèles épidémiologiques prenant en compte les conditions climatiques de l’année. Pour certaines maladies comme le piétin-verse, les agriculteurs peuvent également utiliser des « kits-diagnostic » proposés par les firmes phytosanitaires : des mesures simples à réaliser au champ permettent par méthode immunologique de diagnostiquer la présence du champignon avant l’apparition des symptômes et des dégâts, et à une date où une lutte efficace est encore possible.

Il existe plus de 100 spécialités commerciales fongicides sur céréales (Tableau 2) dont l'efficacité repose sur quelques dizaines de matières actives et peu de modes d'action. A la fin des années 90, la plupart de ces derniers avaient été contournés par les pathogènes. En 98, une nouvelle famille, les strobilurines (Azoxystrobine, Krésoxim-méthyle, Trifloxystrobine ; Figure 1), a relancé la lutte contre les champignons. De par leur efficacité, ces molécules se sont rapidement imposées, puisqu'elles représentent en 2000, 40 % des parts de marché fongicide en blé tendre, 43 % en orge d'hiver et plus de 50 % en orge de printemps. Cependant certaines souches d'oïdium résistantes à ces molécules apparaissent déjà (Figure 2). Pour lutter contre ces souches, les agriculteurs préfèrent d'ailleurs de plus en plus le quinoxyfen aux strobilurines, qui restent cependant les matières actives les plus efficaces contre la septoriose. D'autre part, des strobilurines de seconde génération (picoxystrobine, pyraclostrobine) sont attendues sur le marché. En matière de lutte contre le piétin-échaudage, sont apparus en 1999 les premiers traitements de semence.

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Lutte contre les parasites animaux

Les pucerons et les cicadelles sont les principaux ravageurs des cultures de blé tendre. Leur nocivité est accrue par la possibilité qu'ils ont de transmettre des virus aux plantes-hôtes. L'ensemble de ces insectes est doté d'un appareil buccal de type suceur-piqueur constitué de stylets perforants, qui leur permettent d'accéder aux tissus conducteurs de la plante et d'y puiser leur nourriture. C'est au cours de cette prise de nourriture qu'ils s'infectent ou inoculent le virus aux plantes. Sur céréales, on observe principalement deux viroses transmises par les insectes. La jaunisse nanisante de l'orge est transmise au blé par les pucerons des céréales. Le nanisme du blé (Wheat Dwarf), observé pour la première fois à grande échelle en 1989/90, est transmis par une cicadelle. Toutes les régions céréalières sont concernées à l'automne par la jaunisse nanisante de l'orge. Toutes les céréales peuvent être touchées. Des pertes de rendement de 10 à 20 q/ha sont observées sur orge, culture très sensible. Le blé, quoique moins sensible que l'orge, nécessite aussi une protection insecticide à l'automne en cas d’attaques de pucerons.

Les semis précoces sont généralement les plus exposés aux pucerons à l'automne. L'infection de la jeune céréale peut se réaliser dès la levée et pendant toute la durée des jeunes stades. Cette période doit être surveillée tout particulièrement car elle correspond à une période de grande sensibilité des plantes. Des contaminations plus tardives, courant tallage, sont encore possibles, notamment dans les zones à hiver doux, mais leur effet sur le rendement est difficile à apprécier.

D'autres parasites animaux peuvent causer des dégâts aux cultures de céréales à paille : taupins, vers blancs, mouche grise, oscinie, cécidomie, nématodes... et corbeaux (Tableau 3). Le tableau 4 présente les traitements des semences permettant de lutter contre ces ravageurs. Le tableau 5 donne les principaux produits insecticides (souvent à base de pyréthrénoïdes) utilisés sur céréales.

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Lutte contre les adventices

On peut lutter contre les adventices par voie mécanique (par le sarclage ou le binage on déracine les mauvaises herbes en place), ou en adaptant diverses techniques de l’itinéraire technique de manière à diminuer le nombre de plantes indésirables présentes dans la culture et/ou leur nuisibilité (par exemple travail du sol permettant la levée puis l’élimination des adventices avant le semis de la culture, ou choix d’une date de semis augmentant la compétitivité de la culture par rapport aux adventices). Toutefois, en culture céréalière, le désherbage mécanique est pratiquement impossible en raison de la densité de semis de la culture, et le désherbage chimique est quasi-systématiquement employé. On distingue quatre grandes périodes de désherbage, dont les deux plus fréquentes sont :

  • le désherbage de prélevée des adventices (traitement du sol) : sa matière active peut inhiber la germination, détruire les jeunes plantules par absorption radiculaire, ou par contact entre le coléoptile et l’herbicide épandu sur le sol ;

  • le désherbage de post-levée (traitement des plantes), précoce ou tardif : il agit par contact foliaire ou radiculaire (la molécule provoque des nécroses localisées aux surfaces de contact avec la plante), ou par voie systémique après pénétration foliaire ou radiculaire (la molécule est véhiculée dans la plante par le phloème ou le xylème, et provoque des dégâts de nature variable loin de son point d’absorption).

Dans le tableau 6 figurent les principales matières actives herbicides utilisées sur céréales. Par ailleurs, un désherbage chimique réussi ne doit pas avoir d'effets secondaires sur la culture en place. Cela nécessite une prise en compte des risques de phytotoxicité du produit, et une bonne connaissance de la sensibilité des différentes espèces et variétés de céréales à paille. Certains produits sont à très large spectre, d’autres sont employés spécifiquement pour lutter contre une adventice particulière.

Le désherbage des céréales à paille a beaucoup évolué au cours des dix dernières années. Les désherbages réalisés à l’automne sont devenus beaucoup plus fréquents. Ils ont été rendus nécessaires par l’avancée des dates de semis moyennes qui a modifié les données du problème (flore différente, plus nombreuse, à compétitivité renforcée) ; il a été possible par l’apparition de nouvelles molécules de prélevée comme de post-levée.

Pendant longtemps c’est la lutte contre les graminées adventices, de la même famille botanique que la culture, qui a été la plus difficile chez les céréales à paille. L’apparition d’antigraminées spécifiques, sélectifs vis-à-vis des graminées cultivées, a permis de diminuer la difficulté. Certaines graminées annuelles restent toutefois des adventices majeures des céréales à paille (vulpin, folle-avoine, ray-grass, et maintenant brome), à côté de dicotylédones (gaillet, renouée, matricaires...). Les vivaces (chiendent, chardons, prêles, liserons...) sont particulièrement difficiles à éliminer.

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Mise à jour : 2016 - Auteurs - Département SIAFEE - AgroParisTech