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Près d’un hectare sur deux de maïs-grain est
maintenant irrigué en France. Le maïs est relativement peu sensible
au stress hydrique avant la floraison. Dès l’émission de pollen et
jusqu’à une dizaine de jours après la fécondation, on observe en
revanche une période critique vis-à-vis d’un manque d’eau : tout
stress pendant cette phase entraîne des baisses de rendement très
importantes, de plus de 20 q/ha. Pendant le remplissage du grain,
jusqu’au stade « pâteux-dur », la plante est encore
sensible au déficit hydrique. En pratique, la relative tolérance du maïs
au stress hydrique pendant la phase de préfloraison ne peut guère être
utilisée : l’absence d’irrigation pendant cette période conduit à
une utilisation importante des réserves en eau du sol. Si ces réserves
en eau sont vides au moment de la phase critique, et que les capacités
d’irrigation ne permettent pas de faire complètement face aux besoins
de la culture pendant cette phase, les risques pris sont importants.
La gestion de l’irrigation à l’échelle d’une
exploitation, où très fréquemment plusieurs parcelles et plusieurs
cultures doivent être irriguées au cours d’une campagne culturale, est
en effet complexe : il faut tenir compte des volumes d’eau
disponibles, des capacités de débit liées à l’équipement, des
besoins en eau des cultures à différentes phases, du temps de travail -
énorme - lié à la mise en route, à la surveillance et au déplacement
éventuel du matériel. Très souvent l’agriculteur ne peut, pour différentes
raisons, irriguer à l’optimum des besoins écophysiologiques
l’ensemble de sa sole à irriguer, et doit réaliser des arbitrages
et des compromis dans la gestion de l’irrigation.
Lorsque le débit n’est pas limitant, le début
des arrosages (pas avant le stade « 8-9 feuilles ») doit
s’effectuer à partir d’un certain niveau de dessiccation du sol.
Celui-ci peut être évalué par un bilan climatique, ou mesuré avec un
tensiomètre. La dose d’irrigation et la fréquence sont ensuite raisonnées
en fonction de la pluviométrie et de la capacité du sol à retenir
l’eau apportée. Par exemple en période sans pluie on apportera 35 mm
tous les 7-8 jours en sol à capacité de rétention moyenne, et 30 mm
tous les 6 jours en sol à rétention faible. S'il pleut on peut prendre
en compte les pluies de plus de 10 mm, sur la base d’un jour d’arrêt
pour 5 mm de pluie. L’arrêt de l’irrigation doit se raisonner en
fonction du stade.
Le débit peut être limitant, par exemple
lorsque la ressource en eau s’épuise au cours du cycle en période
estivale, ou lorsque la surface à irriguer ne permet pas de satisfaire
tous les besoins instantanés. On a tout intérêt à chercher à
conserver les ressources en eau du sol pour les valoriser lors des périodes
sensibles. Cela conduit à commencer l’irrigation dès que le sol peut
stocker l’eau apportée.
Enfin le débit peut ne pas être limitant, mais le
volume d’eau disponible limité : c’est le cas lorsque la
ressource en eau est un lac non complètement rempli. On aura tout intérêt
à choisir des doses faibles pour augmenter le nombre d’irrigations. Il
est important de bâtir un calendrier prévisionnel des irrigations
encadrant bien la période critique. Un tel exemple de calendrier est donné
au tableau
1.
Par ailleurs, si des risques de non-satisfaction des
besoins en eau existent, trois types d’adaptation de la conduite de la
culture sont envisageables :
-
la stratégie d’esquive, qui consiste à
faire en sorte que le stress n’arrive qu’après la période
critique. On peut jouer en avançant la date de semis et/ou par le
choix de variétés précoces ;
-
le choix d’hybrides tolérants ;
-
la diminution de la densité de
l'ordre de 5 à 10.000 plantes par hectare, ce qui diminue le
potentiel de rendement, mais aussi les besoins en eau.
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