La betterave est une plante allogame à fécondation croisée. Les
individus sont hermaphrodites, pour la plupart autostériles, le pollen
étant transporté par le vent. En fait, pour cette raison, il y a hétérogénéité
des souches constituées par des populations (groupes d'individus dont
les caractéristiques, aussi homogènes que possible pour les
principales qualités agronomiques, varient pour les caractères
secondaires). Plusieurs « révolutions » successives en matière
damélioration variétale de la betterave ont permis une augmentation
des rendements et une diminution de la main duvre nécessaire à la
culture (Figures
1 et 1
bis).
On utilise dans les croisements des
betteraves tétraploïdes (4 n = 36 chromosomes), obtenues par
traitement à la colchicine. Ces betteraves tétraploïdes sont croisées
avec des diploïdes et donnent des variétés commerciales triploïdes.
Les véritables progrès ont été accomplis grâce à l'obtention de lignées
mâles stériles qui présentent des étamines avortées sans pollen
et se comportent comme des lignées femelles permettant le croisement
total : elles permettent de réaliser chez la betterave ce que l'on
avait réussi chez le maïs 50 ans plus tôt : des hybrides à 100%
utilisant pleinement la vigueur hybride.
L'autre grande découverte fut
celle de souches monogermes génétiques, qui ont permis la suppression
de la coûteuse opération de démariage. Pour cela, des lignées mâles
stériles monogermes sont croisées avec des pollinisateurs multigermes
tétraploïdes ou diploïdes donnant les semences monogermes actuelles.
A l'origine, le glomérule est
plurigerme : il donne ainsi naissance à plusieurs plantules (Figure
2). Pendant longtemps on a dû procéder à un "démariage",
opération consistant à éliminer les plantules les moins vigoureuses
pour n'en laisser qu'une croître de façon satisfaisante.
Parallèlement à l'économie de
main d'uvre, ces semences ont permis une amélioration des rendements
par une généralisation des semis "en place" par semoir de précision
: le nombre de plants à l'hectare est passé de 60-70.000 à 80-90.000,
tandis que la quantité de semences nécessaire passait de 20 à 1,35
kg. Le semis "en place", associé à la mécanisation, a
permis de semer la totalité des surfaces dans un temps très court, à
la meilleure période de l'année.
En France, les semences sont
souvent enrobées, ce qui leur donne une forme sphérique qui facilite
l'utilisation des semoirs de précision. L'enrobage contenant des
produits phytosanitaires (insecticides, fongicides) permet également de
protéger la jeune plantule contre des maladies et ravageurs qui peuvent
causer de graves dégâts. Il existe de nombreuses marques
commerciales de semences, mais seules quelques-unes sont largement
utilisées.
On distingue trois grands types de
variétés (Tableau
1) :
-
Type
E (de l'allemand "Ertragreich", riche en rendement), à
poids de racines élevé (900 g), mais pauvre en sucre (14-15%), sans
intérêt pour l'industriel ;
-
Type
Z ("Zuckerreich", riche en sucre), à teneur en sucre élevée
(17-18%)1, racines coniques et petites (600 g) ;
-
Type
N ("Normalreich", normalement riche), teneur en sucre et racines moyennes.
La variation variétale entre ces trois types E, Z et N, est continue. Les
variétés appartiennent de façon plus ou moins nette à l'un de ces
types et sont souvent intermédiaires. On les caractérise alors par
deux lettres : EE (type très faiblement sucrier), NE, NZ et ZZ (type très
fortement sucrier). Le choix variétal par les agriculteurs tient compte
de la productivité, mais également de la résistance ou de la tolérance
à certaines maladies ou certains parasites, et de la sensibilité à la
montée à graine. En 2000, à titre d'exemple, 1/3 des variétés du
marché sont résistantes à la rhizomanie.
1 La
teneur en sucre peut être plus élevée en année sèche.
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